Dans le cerveau du procrastinateur...
La procrastination est un comportement que presque tout le monde adopte à un moment ou un autre. Cependant chez certaines personnes, elle devient un problème grave et relève de la procrastination chronique. La cause vient d’être découverte dans notre cerveau, ce qui nous amène à de nouvelles pistes pour y remédier !
20 % de la population, selon les chiffres disponibles aux États-Unis, reportent souvent les tâches ennuyeuses au lendemain, comme si le cerveau espère que demain elles deviendraient moins ennuyeuses ou disparaitraient même par magie !
Des chercheurs ont placé une centaine de personnes sous IRM et ont observé le fonctionnement de leur cerveau lors d’un test consistant à répondre à des questionnaires psychologiques de procrastination pour évaluer leur tendance à tout différer.
Les zones du cerveau scrutées lors de ce test sont l’amygdale (deux petites zones du cerveau en forme d’amandes) et le cortex cingulaire antérieur (CCA) une zone profonde du cerveau.
Qu’ont-ils découverts au niveau du cerveau ?
L’amygdale a un rôle principal dans la gestion des émotions et de l’encodage de la mémoire, elle sert de ce fait à nous avertir des conséquences négatives d’une action. L’amygdale des procrastinateurs est plus développée, ce qui les amène à ressentir plus les conséquences négatives d’une action à accomplir.
Le cortex cingulaire antérieur est une zone très hétérogène, elle est impliquée dans une grande variété de fonctions autonomes (régulation de la pression artérielle, du rythme cardiaque) et de fonctions cognitives comme la détection des erreurs et la gestion des conflits lors de la planification d’une action et la prise de décision. Ces fonctions utilisent des informations provenant de l’amygdale pour réguler et sélectionner les actions à réaliser (à prioriser en quelque sorte). Cette zone a aussi le rôle de s’assurer que l’action choisie sera bien menée à terme en supprimant les actions concurrentes et les émotions qui pourraient empêcher sa réalisation. Chez les procrastinateurs, la connexion entre l’amygdale et le cortex cingulaire antérieur est plus faible, ce qui se ressent au niveau du CCA, qui a plus de mal à sélectionner les actions à réaliser et à réguler correctement les émotions engendrées par l’amygdale.
Par ailleurs, chez les procrastinateurs une autre zone du cerveau est moins active : le cortex préfrontal antérieur. Cette zone a pour rôle de se concentrer sur une action, c’est une zone anti-vagabondage qui permet de rester focalisé sur une tâche. De ce fait, le cerveau du procrastinateur est prisonnier dans l’instant présent et ne se projette pas dans le temps suite à son cortex préfrontal antérieur faiblard. Lorsque le cortex préfrontal est en vagabondage, il est plus vulnérable aux influences de l’amygdale et donc plus sensible à toute sensation déplaisante.
Le cerveau du procrastinateurs fait tout pour reporter le désagrément ressenti par la tâche à faire pour plus tard donc dans le futur, moment perçu inoffensif car non analysé par l’amygdale.
Comment éduquer un cerveau procrastinateur ?
Les chercheurs préconisent la mise en place « d’un entrainement cognitif » pour actionner la plasticité cérébrale.
Concrètement cela consiste à entrainer le cortex préfrontal à moins vagabonder et à le reconnecter à l’amygdale.
Différentes méthodes et techniques d’accompagnement permettent cette éducation (Méditation, coaching, hypnose…). Elles consistent à faire en sorte que les réseaux neuronaux entre le cortex préfrontal et l’amygdale se construisent : c’est un travail au niveau de la plasticité cérébrale ou neuroplasticité (pour en savoir plus lire mon article sur « La neuroplasticité lors des séances de coaching ».
La répétition de ce travail permet de créer de nouvelles connexions neuronales et à les consolider durablement, ce qui permet d’obtenir des résultats par le remodelage du cerveau du procrastinateur.
Comment un coach peut-il accompagner efficacement une personne qui souhaite vaincre sa procrastination ?
Lors d’un accompagnement en coaching, le schéma est de travailler sur les conséquences positives et négatives d’une action précise, en la visualisant, en l’évoquant, et en travaillant sur toutes les croyances et les émotions qui accompagnent cette action.
L’agilité du coach est de savoir quels mots utilisés pour solliciter un travail de connexion entre l’amygdale et le cortex cingulaire d’une part et un travail de stimulation du cortex préfrontal antérieur d’autre part !
L’envie et l’excitation engendrées par la possibilité de réaliser une action stimulent positivement l’amygdale et la met à contribution.
La sollicitation de la zone préfrontale, par un questionnement puissant ciblant la mise en place des actions et leur visualisation, est un puissant levier pour activer et stimuler la zone préfrontale, zone cérébrale impliquée dans la décision de mise en place de nos actions.
En sollicitant toutes les zones du cerveau impliquées dans la procrastination, on actionne le levier de la plasticité cérébrales de ces zones.
Parfois on peut lire des choses comme « 10 astuces pour sortir de la procrastination ! », pour moi c’est un leurre ! En effet la personne peut tester des astuces et ne pas y arriver ce qui renforce son sentiment négatif envers la mise en place d’une action et la boucle de renforcement de la procrastination est bien ancrée ! Au contraire, l’accompagnement vers la sortie de la procrastination est un travail de plasticité cérébrale (un remodelage des câblages neuronaux) qui demande du temps, de l’entrainement et un engagement de la personne pour que les petites actions fortifient le sentiment que c’est agréable et positif pour elle.
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